dimanche 10 mai 2015

Les littoraux, des espaces convoités


THÈME 3 : GÉRER LES ESPACES TERRESTRES

 

 

Séquence 1 : LES LITTORAUX, DES ESPACES CONVOITÉS

 

 

Comment les littoraux, espaces convoités, peuvent être gérés durablement ?

 

 

Etude de cas : Le littoral du Maroc : Un littoral sous pression

A. Pourquoi le littoral atlantique du Maroc est-il convoité ?

1. Le littoral atlantique a vu son urbanisation passer de 51 % en 1974 à 70 % en 2014 (doc. 2) ; de même, il représente presque la moitié de la population marocaine en 2014. En effet, il concentre les plus fortes densités, les principales agglomérations (Rabah, Casablanca, Tanger) ainsi que de nombreuses activités (port, industrie et tourisme) mais de façon inégale : le Nord du littoral de Tanger à Safi est bien plus attractif que le Sud, notamment que la partie du Sahara occidental (doc. 1). Une façade maritime est constituée par un ensemble d’agglomérations portuaires au trafic important, proches les unes des autres. Cet ensemble dessert un arrière-pays peuplé et économiquement puissant.

2. Le développement du littoral est fondé sur le développement des activités portuaires (port de plaisance et terminaux à conteneurs ou pétroliers), et industrielles (Mohammedia présenté dans le doc. 3 comprend une vaste zone littorale consacrée au raffinage et au stockage des hydrocarbures). Les activités touristiques sont également en plein essor : les stations balnéaires (nombreuses sur le littoral atlantique nord comme le montre le doc. 1) se développent et multiplient leur offre : hôtels de luxe, golf, casino, discothèque comme à Mazagan (doc. 4).

3. Les droits de pêche et la ZEE marocaine sont convoités par l’Union Européenne : en effet 137 navires européens pouvaient pêcher dans les eaux marocaines selon le précédent accord (doc. 5), mais au vu des stocks de ressources qui s’amenuisent et dans la perspective d’une gestion durable des ressources, le Maroc a fait pression pour que l’accord soit revu à la baisse.

4. L’industrie et le tourisme sont des activités littorales peu compatibles : les activités industrielles lourdes comme le raffinage de pétrole nuisent au tourisme à cause de leurs impacts paysager et environnemental (doc. 3). De même, le mitage de l’espace causé par l’installation d’industries lourdes empêche l’extension urbaine.

 

B. Comment concilier développement et préservation du littoral atlantique du Maroc ?

1. Selon le doc. 6, les deux principales menaces qui pèsent sur le littoral sont l’érosion (ce qui à terme peut provoquer la disparition de plages) et la pollution, due aux rejets industriels (comme ceux liés à l’exploitation du phosphate à Safi : doc. 9) et urbains.

2. Des mesures de préservation du littoral ont été prises, comme la création de parcs nationaux et la protection des zones humides (doc. 6). Pour concilier protection et développement, l’État marocain va mettre en place des schémas d’aménagement du littoral qui délimiteront des zones dédiées aux véhicules de tourisme par exemple (camping-cars, véhicules nautiques). De même, des écostations comme Taghazout Bay (doc. 10) ont vu le jour : celles-ci mettent en place des aménagements raisonnés (présence de nombreux espaces naturels préservés comme des arganeraies, limitation de la voiture).

3. La gestion durable du littoral est le fait d’acteurs publics, intervenant à différentes échelles : le PNUE dépend des Nations Unies et doit travailler en commun avec l’État marocain, ses différents ministères (comme celui de l’Énergie, des Mines, de l’Eau et de l’Environnement dans le doc. 7) et les collectivités locales (doc. 8). Les acteurs privés sont également nombreux (secteur du tourisme). Toutefois, cette gouvernance littorale n’est pas coordonnée et encore très incomplète (loi Littoral ou GZIC en construction).

 

I. Les Hommes et les activités se concentrent sur les littoraux

Le littoral marque le contact entre la terre et lamer. C’est donc une interface qui se compose d’un avant pays marin, suivi de l’estran (Partie du Littoral située entre les lignes de plus haute et de plus basse mer) et d’un arrière-pays continental.

 

A. De fortes densités de population

- 80% de la population mondiale habite dans une frange littorale de moins de 100km et les densités côtières sont environ 5 fois supérieures à celle de l’intérieur. 16 des 20 1ères villes mondiales sont littorales.

- Cela s’explique pour les installations les plus anciennes par des conditions naturelles favorables : Douceur du climat, pêche (Ressources halieutiques), culture du riz dans les deltas d’Asie, marais salants...

 

B. Aujourd’hui, des littoraux au cœur de la mondialisation

- La littoralisation (Déplacement vers les littoraux) des hommes et des activités est renforcée par la mondialisation de l’économie. Cette mondialisation est à l’origine d’une explosion des échanges internationaux, dont 80% sont assurés par le transport maritime.

- Les ports réalisent des productions industrielles et des échanges. Leur prospérité repose sur leur capacité à accueillir des porte-conteneurs à stocker des marchandises. Ils sont souvent adossés à une métropole et reliés par des grands axes à un arrière-pays.  Par exemple, la zone industrialo-portuaire (Espace portuaire réservé aux activités industrielles, commerciales et au stockage de marchandises) de Rotterdam s’étire sur plus de 30 km.

 

C. Des littoraux investis par le tourisme

Le tourisme balnéaire est la 1ère forme de tourisme qui se développe surtout à partir des années 1960 avec l’apparition des stations intégrées comme Benidorm. C’est une ressource importante pour beaucoup d’Etats, au Nord comme au Sud. Les aménagements ne concernent cependant que 1% des littoraux dans le monde

 

 

II. Les littoraux, des espaces où les activités sont en concurrence

A. Des espaces recherchés

Les activités humaines occupent des superficies croissantes sur les littoraux. Après avoir occupé les rivages, les hommes ont tenté de gagner de l’espace sur la mer grâce à des polders (Pays-Bas), des terre-pleins (Japon) ou des îlots artificiels (Dubaï)

 

B. Des espaces sujets aux conflits

- Le manque de place entraîne une concurrence et des conflits d’usage entre les différents acteurs (Rivalités qui opposent les acteurs spatiaux qui ont chacun un intérêt particulier à l’utilisation d’une ressource ou d’un territoire).

- Les conflits deviennent importants quand les ressources manquent. Par exemple sur les littoraux à marée, il est difficile de faire cohabiter les productions agricoles (Sel, huitres, élevage de poissons) avec les touristes et les loisirs.

- La surexploitation des ressources génère des crises économiques et des tensions politiques comme la pêche au thon rouge en Méditerranée.

- La concurrence entre les usages peut aboutir à l’éviction de certaines activités comme par exemple la disparition de l’agriculture dans les zones touristiques. Le prix des terrains rend l’urbanisation très rentable come par exemple dans l’île de Ré.

 

 

III. Vers des littoraux durables ?

A. Un milieu fragile et à risque

- Le développement et la concentration des activités fragilisent l’environnement littoral. L’environnement est dégradé dans les grands estuaires où l’aménagement des zones industrialo-portuaires nécessite l’assèchement des zones humides, milieux très riches.

- D’autre part, les risques de pollutions industrielles sont forts (Marées noires) et la présence d’une forte population peut entraîner des catastrophes en cas de tempête, de séisme ou de tsunami.

 

B. Des modèles d’aménagement à revoir dans une logique durable.

- Au Nord comme au Sud, les rivages deviennent des patrimoines pour la beauté de leurs paysages, la richesse de leur biodiversité. Les gouvernements (A partir de 1970 pour le Nord et plus récemment pour le Sud) tentent de limiter l’urbanisation et d’inventer des aménagements urbains, touristiques et portuaires qui permettent de conserver les écosystèmes et les paysages (Architecture « locale », filières de recyclage)

- A l’échelle mondiale, 7% des côtes sont protégées. La convention de Ramsar (1971) sur la protection des zones humides compte aujourd’hui 159 Etats signataires.